Le donjon du château de Malemort 

Au lieu Montemart 

« Dans le Nord-Est de la plaine de Brive ; à l’entrée des gorges qui conduisent à SainteFéréole, se trouve un vieux donjon au trois quarts démoli, autour duquel gisent épars et noircis par les siècles, les restes de murailles que la main de l’homme n’a pu détruire et que le temps plus poétique a tapissé de lichen et de lierre». 

En remontant le temps : de l’ Abbé Célerier à Henri de Marguessac

L’histoire de notre beau pays de Malemort, commence à être connue par l’existence d’un castrum qui fut construit sur l’emplacement occupé par les ruines qu’on voit sur la pente, et presque sur la crête du monticule que nous appelons aujourd’hui Montemart ». 
C’est ainsi que l’Abbé Célerier, curé de Saint-Xantin de Malemort écrivait en 1923 son introduction sur l’histoire de la paroisse et de la commune voisine de Brive. 

L’histoire des divers seigneurs de Malemort apparaît après quelques années de recherches assez difficiles à faire revivre. Nombreux vestiges encore partiellement intacts le siècle dernier sont disparus à jamais, laissant un champ de ruines ou l’alignement moderne des habitations. Je vais essayer dans ces quelques pages de remettre sur pied, une de ces constructions : le Donjon du château moyenâgeux Malemortois. Les écrits emmagasinés aux Archives Départementales nous permettent d’alimenter le travail de recherche. 

« Après les traces presque effacées de la fortification primitive, le commencement au Xllème siècle nous laisse étudier longuement ses solides constructions sur le plateau de Malemort. Le donjon et les différents restes de murailles sont sous nos yeux. Ils nous laissent voir leurs gros murs de six pieds d’épaisseur formés de parements de pierre de taille en formant en leur intérieur, l’éternel blocage de l’époque : moellons et chaux ». Dans la notice sur la Maison de Malemort, Henri de Marquessac décrit ainsi les ruines restantes de l’après-Révolution, du pillage effectué par les habitants voisins qui trouvèrent en ces lieux « une carrière » de pierre de taille et de blocage consistants. 

… Son énumération des éléments encore visibles se continue et il s’attarde sur le donjon : « Cette forteresse d’après les restes qui existent encore s’élevait sur un carré de dix mètres de côté. Chacune de ses faces se trouvait formée, comme celles qui se voient encore aujourd’hui, d’un mur sur lequel font saillie trois contreforts dont deux sont d’angles. Ces contreforts sont uniformément composés par une saillie régulière de 0,20m d’avancement, leur largeur est de 1,40 m et ils descendent dans le même plan du faîte à la base. Quant aux deux portions de murailles comprises entre ces deux, trois contreforts, elles sont dans la base du donjon. Trois talus successifs, hauts de 0,30m chacun, placés à lm de niveau du sol primitif servaient à faire ricocher les pierres que les assiégés jetaient du haut du donjon, et par le trou des hourds sur l’ennemi assez osé pour s’approcher trop près de leur dernier asile. Le peu d’élévation 

… Son énumération des éléments encore visibles se continue et il s’attarde sur le donjon : « Cette forteresse d’après les restes qui existent encore s’élevait sur un carré de dix mètres de côté. Chacune de ses faces se trouvait formée, comme celles qui se voient encore aujourd’hui, d’un mur sur lequel font saillie trois contreforts dont deux sont d’angles. Ces contreforts sont uniformément des talus de Malemort au-dessus du sol, nous dit assez que le donjon se trouvait isolé sur le même plan que le reste des habitations du château et n’était point séparé par un fossé de construction de cette dernière enceinte, car dans ce cas il eut été armé d’autres talus dont les plus élevés eussent servi à faire ricocher les pierres et les boulets de même matière audelà de la contre escarpe. 

Les côtés du carré formés par le mur de cette construction sont de 6m et la hauteur du premier étage de la tour de 6 m aussi. La partie de ce bâtiment, jusqu’à cette hauteur devait former une cave sans ouverture dans laquelle on déposait les matériaux et les aliments nécessaires aux défenseurs du château. Ce compartiment inférieur n’était pas voûté, car nous voyons dans le mur inférieur, à 6m de hauteur, les trous dans lesquels se fixaient les poutres destinées à supporter le plancher de cet étage. On entrait dans le donjon par le premier étage et de là, on gravissait les salles supérieures au moyen d’un escalier dont les traces se voient encore dans le mur et à gauche ». 

De Monsieur Taulane 

Il m’est apparu intéressant de comparer ce qu’Henri de Marquessac a pu voir lors de sa visite vers 1870 et le relevé nécessaire à l’étude d’un devis réalisé par M. Taulane. « .•• pour réparation à faire à Malemort pour y transporter les archives de Larche». 
Ce travail a été effectué approximativement vers 1760. Ainsi l’arpenteur géomètre qui consacre de longs moments sur l’étude d’un tracé de la route allant de Brive à Tulle écrit : «il convient de placer les archives qui sont à Larche dans la grande tour du château de Malemort ainsi qu’on l’a proposé pour plusieurs raisons : premièrement, parce qu’elles seront plus à l’abri des incendies, secondement parce qu’elles seront mieux à portée des officiers de la maison, troisièmement parce que l’emplacement est plus sûr à tous égards et d’ailleurs dans un endroit très sec». 
Au début du XVIIlème siècle et jusqu’en 1789, le château de Malemort conserve quelques parties habitables. Une lettre de M. Brival de 1774, fait mention de « réparations à faire au château de Malemort où l’on conserve quelques bâtiments pour loger des archives et les personnes qui venaient les consulter». La révolution a dû disperser tous ces bâtiments. 

Ainsi avant la révolution, M. Taulane décrit les lieux: 
« la grande tour de Malemort est carrée et isolée de trois côtés. Il y a seulement au levant un mauvais bâtiment qui n’a que le rez-de-chaussée et qui est adossé à cette tour. Elle est construite en pierre de taille, ses murs ont cinq pieds d’épaisseur. Elle a sept étages. Les quatre premiers sont voûtés et les trois autres ont des poutrelles destinées à porter des planches. Elle est couverte en ardoise, la charpente est bonne et la couverture est entretenue. Les voûtes de cette tour sont à quatre arêtes avec des ogives ….. .les murs sont très bons et l’on peut compter sur leur solidité». 

Essayons d’imaginer l’intérieur grâce aux précisions de M. Taulane :
« On monte dans cette tour par un escalier de pierre fait en vis, à l’angle du midi au couchant, et qui va jusqu’aux combles. Cet escalier est en bon état. On monte dans cette tour par un pont en bois qui va du premier étage du château à cette tour et on descend au rez-de-chaussée par une trappe qu’il y a au milieu de la première voûte ». 

Par cette description comment ne peut-on pas faire une comparaison avec la Tour César de Turenne. 

M. Taulane, toujours précis dans ses explications écrit encore : « On placera les archives au troisième étage de cette tour, elle aura encore deux voûtes au-dessus …. .la tour est d’équerre de trois côtés ….. » Il rajoute : « On trouvera les pavés nécessaires dans la cour du château ». 

Aujourd’hui, de la famille Hom aux souhaits de notre Association. 

En cette fin d’année 2011, le constat que j’ai pu observer confirme une envie particulièrement prégnante de la municipalité actuelle de ne pas oublier que notre commune est un creuset riche et dense d’empreintes historiques régionales. Cette nouveauté est toutefois orchestrée par les actions pédagogiques et relationnelles des membres de notre association. 

Concernant le site de Montemart, un chantier de fouilles est engagé suite à l’étude de reconnaissance archéologique à l’initiative du Service Régional de l’Archéologie du Limousin visant à mieux comprendre les vestiges enfouis et en élévation, de façon à nourrir une réflexion et à orienter les futurs partis pris de valorisation. N’oublions pas de mentionner que le Conseil Municipal a réalisé l’achat de ce merveilleux site, dominant une grande partie du territoire communal et envisage la réalisation d’un projet paysager intégrant la présence des éléments historiques exhumés. 

Après trois semaines d’investigations, Dimitri Paloumbas, archéologue médiéviste, a dirigé avec son équipe, les sondages ouverts, avec précision et compétence. Ce jeune corrézien, attiré depuis de nombreuses années par l’histoire de Malemort a su croiser dans son travail, les informations recueillies au travers de textes ou de connaissances orales et les découvertes de terrain. 

La plus importante est que la tour à contreforts succède en fait à un bâtiment médiéval antérieur, dont subsiste un épais mur construit en pierre de taille. Plus au sud, près des pans de maçonnerie effondrés, sont mis à jour les vestiges d’un massif maçonné quadrangulaire encastré dans le rocher. Plus bas dans l’enclos, un sondage a révélé un long mur à double parement, établi sur plusieurs mètres de long dans le sens de la pente. 

Patrice Conte, membre du Service Régional de l’ Archéologie, remarque que ces premiers résultats laissent d’ores et déjà entrevoir un potentiel archéologique remarquable du site de Montemart. Il s’avère que l’étude finale réalisée et son rapport de synthèse publié afin de replacer les vestiges archéologiques dans leur contexte historique et topographique permettront de développer les problèmes d’un éventuel prolongement de l’étude scientifique sous la forme d’une fouille programmée. Un après-midi de visite du chantier ouvert au public, malgré une météo peu favorable a suscité un intérêt exceptionnel de la part de visiteurs attentifs aux explications des fouilleurs professionnels. 

Malemort devient un centre archéologique de haute qualité historique et scientifique, attire les chercheurs et passionnés d’Histoire au sens le plus large et confirme géographiquement la prospérité ancienne des activités économiques et administratives locales. 

Faisons le souhait que toutes ces découvertes concrétisent la création d’un lieu d’expositions, d’études et de conférences assurant la mise en valeur pérenne du riche passé de la commune en capitalisant les énergies associatives et les démarches municipales.