Morts pour la France Malemortois

1914 est bien loin, mais notre mémoire doit toujours être marquée par le souvenir de ces hommes qui ont vécu l’enfer de celle qui devait être la « der des ders » et qui pour certains sera le crépuscule de leur jeunesse.

Parmi les disparus « morts pour la France » figurant sur le Monument aux morts de Malemort, j’en ai retenu quelques-uns décédés en 1914 parmi les 47 de la période 1914-1918. Rendons leur hommage.

Jean Laumond est né le 26 mars 1888 à Malemort, il était le fils de Pierre et de Marie Lescure, mariés le 23 février 1873 à Malemort. Lors de son appel sous les drapeaux, il est déclaré « soutien de famille » mais néanmoins affecté au 126° Régiment d’Infanterie de Brive le 8 octobre 1909. Sur son registre matricule de recrutement, il est indiqué qu’il mesure 1m 70 avec les yeux gris et les cheveux bruns. A l’issue de son service militaire, il est versé dans la disponibilité le 24 septembre 1911. C’est alors qu’il part au Perreux dans l’ex-département de la Seine, puis demeure à Paris le 19 novembre 1912 au 178 rue Montmartre et épousera le 7 février 1914 à la mairie du 2 Marie Beaugendre. Rappelé le 1er août 1914, il arrive au corps le 4 août pour être affecté en qualité de soldat au 326° Régiment d’Infanterie, réserve du 126me. Ce régiment a son casernement à Brive et il est réserve d’infanterie du 12 corps d’armée. En 1914, il est constitué de 2 bataillons et comporte 37 officiers, 2067 sous-officiers et soldats ainsi que 112 chevaux. Dès le début de la guerre, ce régiment participe aux combats de Champagne ; Romagne sous Montfaucon, Laneuville sur Meuse et Blagny dès le 15 août, jusqu’au 27 août il perdra 221 hommes. Lors des combats de Voucq le 31 août, deux officiers debout malgré la fusillade, revolver au poing, maintiennent à leur place de combat quelques réservistes qui ont pris peur. Les pertes s’élèveront ce jour à 99 hommes. Au cours du mois de septembre 1914, le 326° sera engagé dans différents combats dont Saint Hilaire le Grand le 3 septembre puis à la bataille de la Marne du 5 au 13 septembre, de Mont Moret au sud de Vitry le François. Les pertes s’élèvent à 557 hommes. Du mois d’octobre au mois de décembre 1914, le régiment combattra dans le secteur de Baconnes, toujours en Champagne. A la fin de l’année, 200 hommes rejoignent le 126 Régiment d’Infanterie, ils seront remplacés par des territoriaux. Entré le 27 octobre à l’hôpital du camp de Châlons sur Marne, le soldat de 2 ème classe, Jean Laumond y décèdera le 2 novembre 1914 à 7h 15 des suites de ses blessures. Il sera inhumé à Mourmelon le Grand dans la Nécropole Nationale. Sa tombe porte le numéro 2356. 
Le décès sera transcrit le 25 novembre 1914 à Malemort et le 10 mai 1919 à la mairie du 2 ème arrondissement de Paris où il demeurait avant la guerre. La mention « mort pour la France » lui sera accordée le 14 septembre 1915. 
La Nécropole de Mourmelon le grand a été créé en 1915 après les batailles de Champagne pour regrouper les corps des militaires exhumés sur les territoires des communes de Mourmelon, Prosnes et St Hilaire le Grand. Elle sera aménagée entre 1919 et 1923 et fera l’objet d’une réfection en 1982. 
2685 soldats français y sont inhumés dont 41 en ossuaire.
 
Joseph Fouillade est né le 6 mai 1888 à Malemort, il est fils de Jean et de Marie Mani domiciliés à Malemort et exerce la profession de Garçon de café. 
Appartenant à la classe 1908, il est recruté à Brive sous le numéro 1657 et sera incorporé au 138 Régiment d’Infanterie basé à Bellac et Magnac-Laval le 5 octobre 1910. Joseph Fouillade est décrit comme ayant le teint coloré, les cheveux noirs, les yeux châtains verdâtres, un visage rond et mesure 1m 53. 
A l’issue de son service militaire de 2 ans, son renvoi dans ses foyers est prononcé le 25 septembre 1912. Comme beaucoup, il est rappelé à l’activité le 1 er août 1914 et arrive au corps le 3 août au 250 ème Régiment d’Infanterie basé à la Caserne Bugeaud de Périgueux. 
Il est le régiment de réserve du 50 ème RI et fait partie des effectifs de la 124 ème brigade d’infanterie, 62° division d’infanterie dont le rattachement prendra fin en juin 1916.
Sa composition est de 36 officiers, 128 sous-officiers, 2076 hommes de troupe, 104 chevaux et 18 mulets. 
Les opérations de mobilisation vont se dérouler du 2 août jusqu’au 6 août 1914, date à laquelle le régiment est prêt pour être embarqué dans deux trains en gare de Périgueux à destination de Paris-Ivry. 
Du 8 août au 25 août, il stationne à Gonesse dans la banlieue nord de Paris où il continue de s’entraîner. Dès le 25, il monte sur Arras, puis sur Douai, Morchies à l’est de Bapaume, Velu, Lébucquière (ce dernier lieu dans le Pas de Calais étant le village d’origine de mes ancêtres avant 1840) et sera engagé dans la Somme au Mesnil en Arrouaise le 27 août 1914. 
A cette date, la marche continue sur Péronne. Parti de nuit, le jour n’apportera qu’une faible clarté en raison d’un épais brouillard ne permettant qu’une vision limitée. Arrivant au Mesnil, le 6° bataillon dépassait le village, tandis que le 5 ème y descendait. Les combats battaient leur plein dans la direction du sud, où le bois Saint Martin flambait et que toutes les collines qui encerclent le Mesnil étaient occupées par l’ennemi. 

Auguste Baptiste MAGNE est né le 6 septembre 1885 à Cressensac (Lot), fils de Pierre et de Julienne Semblard. 
Il est recruté sous le n° 219 du registre matricule de recrutement de Cahors (Lot). 
Lors de son rappel en août 1914, il est affecté à la 21 compagnie du 207 ème Régiment d’Infanterie, correspondant au régiment de réserve du 7 ème d’Infanterie. Son casernement et son lieu de regroupement sont basés à Cahors (Lot) et appartient au 12° Corps d’armée, puis à la 33 ème division d’infanterie de juillet 1915 à mai 1917. 
Au début de la guerre, il est constitué de 2 bataillons comprenant 37 officiers, 2202 sous-officiers et soldats, 24 chevaux de selle et 100 chevaux de trait. 
Dès le début du conflit, le régiment est engagé à Bouconville, Termes le 14 août, Nouant le 17, Bertrix le 22, Tétaigne, Brevilly, Osnes, Emilly, Lambermont, Haraucourt où il bénéficiera de l’appui de l’artillerie du corps d’armée, ferme Montjoie le 27, Villers, Vonca le 30 août. 
En septembre, il combat à Sourpuis le 8, ferme de Pimbraux et Saint-Ouen où le régiment aura 2 tués, 232 blessés et 137 disparus. Il poursuivra à Pringy le 11 septembre, Saint Martin aux champs, La Chaussée, Dompierre sur Moivre, Poix et Tiloy le 13. Le 207%° participera aux combats du bois des bouleaux dans le secteur des Hurlus en Champagne où il perdra 340 hommes dont 8 officiers. Blessé, il sera transféré à l’hôpital auxiliaire n° 6 de Nontron (Dordogne) où il décèdera le 20 septembre 1914. La mention « mort pour la France» lui sera attribuée le 15 septembre 1915. 

Gérard Leblanc 

{Sources Mémorial GenWeb, Mémoire des hommes, Site Chtimiste, Archives départementales Corrèze Série R, Registre décès de la commune de Malemort)