Regards sur l’état civil de Malemort … il y a 300 ans
Je propose ici au lecteur une petite promenade (normal pour un membre de la section Marche des « Amis de Malemort » à travers les pages des registres paroissiaux. Il y a 300 ans, ils étaient tenus par le révérend Père Arnaud Baillet. Ce brave curé décéda le 2 août 1741
« âgé d’environ 87 ans », faisant preuve d’une remarquable longévité puisqu’il « avait été curé de cette paroisse de Saint Xantin l’espace d’environ
48 ans … ».
Etat civil de l’année 1714
En cette année 1714, on dénombre 52 actes : 31 naissances (dont une naissance « double » à Cazaudet le 28 mai de Thévène et Anne Delbos), 15 décès et 7 mariages.
Naissances : 31
« Le quinzième janvier de l’année 1714 a été baptisé par moi soussigné, Pierre Reynier, fils naturel et légitime d’Antoine Reynier et de Marguerite Laujane sa femme, étant né aujourd’hui à Vareille. Le parrain a été Pierre Reynié et marraine Marguerite Chauvignac demeurant à Puymaret, qui
n’ont su signer de ce dûment requis. Baillet curé de Saint Xantin ».
Ce Pierre Reynier fut donc le premier bébé Malemortois de 1714. Né au hameau de (Vareille) ?, il ne vécut que 6 jours. Au total sept actes portent en marge la mention « Obiit » qui indique que le décès est intervenu peu de temps après la naissance. Le baptême a lieu dans un délai maximum de deux jours, parfois le lendemain, ou, comme ici le jour même. Le nouveau-né prend systématiquement le prénom du parrain pour les garçons et de la fille marraine pour les filles. Ceux-ci sont appelés à signer. Seuls cinq hommes (nobles ou hommes de soixantaine savent signer en 1714.
Décès : 15
« Le 21 de janvier de la susdite année (1714) Marie Bruel âgée d’environ 70 ans étant décédée au château de Bréniges après avoir reçu les derniers sacrements a été enterrée dans le cimetière en présence de Me Delom notaire soussigné et d’Antoine Bessac tisserand qui n’a su signer ».
L’âge du disparu est toujours précédé de la formule « âgé d’environ ». Deux témoins sont requis comme ici les dénommés Delom et Bessac.
Parmi les 15 décédés, 4 enfants ont moins de 10 ans. Mais on trouve aussi 4 personnes de 70 ans et une de 80 ans : Jeanne Delfi décédée à Broussolles le 8 mars.
Le 5 avril 1714 décède à Malemort « une fille étrangère soi-disant native de Larche et âgée de 9 à 10 ans ». « Etrangère » ….. de Larche …. Le monde était grand à l’époque !
Si le commun des mortels était enterré dans le cimetière, ces messieurs-dames de la haute avaient droit à un régime de faveur : « Le 15 juin de la susdite année (1714) Me Jean Rouchon de Montazet âgé d’environ 54 ans est décédé à Arjassou après avoir reçu les derniers sacrements et a été enterré dans l’église … »
Mariages : 7
Bertrand Reynal dit Roudié et Jeanne Durand auront 7 enfants. Mariés le 30 janvier, leur première fille, Jeanne, naît le lendemain 31 … et décède le 2 février de la même année.
Jean Reyjal et Jacquette Cluzan. Jacquette décède sans enfant en 1715. Jean Reyjal se remarie en 1717 avec Marie Delmas et aura 3 enfants.
Martin Imbert et Guillemette Bourges auront 3 enfants
Xantin Reyjal et Libérale Boule
Pierre Graulière et Jeanne Alvinerie auront 8 enfants entre 1715 et 1732 ;
Jean Valat et Catherine Poumier : un enfant. Jean Valat décède à 35 ans le 10 mai 1720 ;
Me Guillaume d’ Antiniac de Brive et Melle Marie Pétronille Martin auront 6 enfants.
Mis à part Guillaume d’ Antignac tous les nouveaux mariés sont de la paroisse de Malemort.
1718: Un centenaire à Malemort
« Sépulture de Jean Cluzan. Le quinzième janvier de la susdite année (1718) Jean Cluzan âgé d’environ cent ans étant décédé hier à Malemort a été enterré … ». Centenaire ? Madame Guély., présidente de la Société Historique de Brive nous invite à rester circonspects car certaines dates se révèlent approximatives. Mais sûrement premier centenaire en titre.
1744 La Corrèze, une rivière dangereuse
« Le 9 septembre 1744, Guillaume Verliac âgé d’environ 40 ans qu’on a trouvé mort dans la rivière de Corrèze vis-à-vis le bourg de Malemort et qu’on a supposé être noyé depuis trois jours cy devant habitant dudit bourg a été enseveli dans le cimetière en présence de Xantin Cremous et de Pierre Combastens laboureur qui ont déclaré ne savoir signer ».
1777 : Encore un noyé
« L’an de grâce 1777 et le huitième jour du mois de mars au soir, on a aperçu au fond de la rivière Corrèze, près de la chaussée du moulin de Malemort, un cadavre que Claude Coupa défricheur du village de Maranges paroisse d’Ariane en Auvergne et Jean Chassagnou aussi défricheur ont reconnu être le cadavre de Benoît Bravet du village Capartel paroisse dudit Arlanc. Ils ont déclaré que Benoît Bravet avait travaillé avec eux jusqu’au 2 du mois de février, jour auquel il se noya sur le soir. Dès que le cadavre a été aperçu on a envoyé Bernard Begué, tisserand du village de l’Hôpital Baudat à Monsieur le Juge de Malemort…. Ce Monsieur m’a fait dire qu ‘attendu que le cadavre avait resté dans l’eau plus d’un mois, je ferais sagement de l’inhumer tout de suite, ce que j’ai fait à six heures du soir …». Des «défricheurs » venus d’Auvergne (Arlanc se trouve près de Brioude) un homme qui se noie un soir de février dans la Corrèze …. Mystères et surprises de l’état civil …
An VI : Premier divorce à Malemort
Est-ce le premier divorce jamais prononcé à Malemort ? Selon toute vraisemblance. Il date du 11 pluviôse de l’An VI soit le 30 janvier 1798. Ce jour-là comparaissent devant Jean Baptiste Laval agent municipal de la commune (on ne parle plus de paroisse) de Malemort. «… d’une part Pierre Laumon cultivateur âgé de 40 ans demeurant chez la citoyenne Rivet à Brive, d’autre part Jeanne Jeauzat son épouse âgée de 50 ans domiciliée au lieu de Cluzan présente commune …. Lesquels m’ont requis de prononcer la dissolution de leur mariage contracté le 16 du mois de janvier 1773 vieux style passé au lieu du Chassan commune de Cosnac …». Et «…. en vertu des pouvoirs qui me sont délégués j’ai déclaré au nom de la loi que le mariage de Pierre Laumon et de Jeanne Jeauzat est dissous et qu’ils sont libres de leur personne … ».
Un divorce par consentement mutuel avant la lettre. Décidément, rien de nouveau sous le soleil !
Toutes ces données sont facilement accessibles sur le site des Archives Départementales de la Corrèze. Et les Malemortois ont de la chance car l’écriture manuscrite est en général de très bonne qualité, donc facile à lire.
Dominique LESTANI