Le mot de Mr le Curé (1975)

Je me suis souvent félicité d’être l’heureux curé de Malemort. Dans le mot que « Malemort 75 » m’avait demandé pour sa première édition, j’ai donné quelques motifs de cette satisfaction. « Malemort 76 » me trouve dans des dispositions accrues de joie parce que la croissance de notre ville se poursuit.
Les relations entre les habitants se consolident. Lentement l’unité se construit. Je vois notre église s’entourer d’une couronne d’habitations toutes neuves ou même à peine sorties de terre. Notre vieux clocher égrène les heures qui marquent le temps par-dessus le cimetière vers le nouveau terrain de sports encore en voie de réalisation.
Je vois dans cette proximité du cimetière où reposent nos morts. Du terrain de sports où nos jeunes affirment leur joie de vivre et s’initient aux jeux d’équipe, et du nouveau quartier de Beau Rivage où des foyers construisent leurs maisons. L’image très réelle de la vie Malemortoise.
C’est ici que sonnent les carillons et les glas. 
L’année écoulée, trente familles Malemortoises ont pleuré la perte d’un être cher. Mais plus nombreuses sont celles qui ont célébré un événement heureux. En effet, j’ai baptisé 61 nouveau-nés et uni 38 couples par le mariage. La croissance de Malemort s’exprime aussi dans ces chiffres et bien peu de paroisses en Corrèze enregistrent deux fois plus de naissances que de décès.
L’expansion Malemortoise a provoqué de nouvelles réalisations, en particulier la récente création de l’École de la Grande Borie. Là encore, le curé de Malemort a bien des motifs de satisfaction puisque des concours très nombreux et dévoués ont permis, dès l’ouverture de l’école en septembre dernier, organisation sur place des cours de catéchisme. Par ailleurs, sur la rive droite le lotissement communal des Gerces est en voie d’achèvement les derniers occupants vont bientôt pendre la crémaillère !
Sur la route de Beynat. Palisse poursuit son expansion ainsi désormais l’équilibre s’établit entre rive droite et rive gauche.
Tout en rédigeant ce mot, j’ai feuilleté les archives paroissiales pour remonter à cent ans en arrière. En 1875, l’abbé Etienne CROUCHET, curé de Malemort, avait enregistré 36 baptêmes, 10 mariages et 24 décès dont 5 d’enfants de moins d’un an. Pour une population de 1 250 habitants environ. La lecture de ces actes se révèle intéressante à plus d’un titre : on y constate par exemple la permanence des familles rurales ; car la majorité des noms consignés se retrouvent aujourd’hui dans nos villages de campagne. Il est vrai qu’un des baptisés de 1875 est décédé à Argaux en 1974.
Parmi les 36 baptisés de 1975, 19 sont enfants de cultivateurs, 3 d’ouvriers de la papeterie, 2 de charpentiers, 1 de charron, 1 de maçon, 1 de carrier. 1 d’employé S.N.C.F . ; 1 de menuisier, et 1 de forgeron ; la profession des 6 autres n’est pas indiquée. Mais il s’agit de propriétaires.
La comparaison avec 1975 indiquerait assez quels changements sont intervenus : 1 seul baptisé étant fils de cultivateurs. 
Au plan local, cette transformation rapide commencée seulement aux environs de 1950, nous indique clairement que la communauté humaine a subi de profonds changements et qu’elle est à faire et à refaire chaque jour. 

Abbé BRUNIE