Les évènements Malemortois à travers la presse locale 1911
1911…… il y a plus de cent ans déjà :
La Croix de la Corrèze
Dimanche 22 janvier L’heure :
Passant devant l’horloge communale, je constatais avec étonnement qu’elle avançait d’un quart d’heure et c’est paraît-il habituel. Je dis à un indigène que je trouvais par là, « toutes les nuits on envoie l’heure exacte de Paris aux villes de France ; comment se fait il que votre horloge avance d’un quart d’heure ».
– Malemort, me dit- il, n’est pas une ville.
– Vous n’avancez pas l’horloge pour ne pas manquer le train, puisque vous n’avez pas de gare ?
– En effet, les radicaux n’ont pas eu assez de culot, même avec le député Lachaud pour nous l’obtenir.
– Alors, c’est peut-être pour arriver assez tôt à la messe ?
– Notre horloge n’est pas cléricale.
– Mais au fait, à qui ça profite ? Qui la monte votre horloge ?
– L’instituteur. – Peut être est- il impatient d’inculquer à ses élèves beaucoup de science et de sapience ?
– Heu! Pour ce qui leur apprend, il les a toujours assez tôt.
– Alors, je donne ma langue au chat.
– Allons curieux, je vais vous expliquer, mais vous n’en direz rien à personne.
Les enfants fréquentant le catéchisme avant l’école ; le curé ne pouvant commencer de très bonne heure en hiver, il les garde peu afin qu’ils puissent arriver assez tôt en classe ; mais comme l’horloge avance, les malheureux arrivent toujours en retard et pan ! Ils sont punis. L’avancement de l’horloge est un moyen d’éloigner les enfants du catéchisme et de faire du zèle anti-clérical !
– Comment le trouvez-vous !
– Dame, je savais que Harnais a beaucoup de trucs, mais je ne savais pas qu’il fut à ce point…
– Mettons stupide et n’en parlons plus.
Dimanche 29 janvier : L’heure (suite) :
Monsieur l’Instituteur de Malemort nous écrit que « s’il s’est vu quelques fois dans la nécessité de punir des élèves arrivant en retard; il n’a jamais fait de distinction entre ceux qui venaient du catéchisme et ceux qui n’en venaient pas ; qu’en hiver il commence sa classe à 8 h 1/2 au lieu de 8 heures uniquement pour faciliter aux enfants la fréquentation du catéchisme ; enfin qu’il a fait une démarche auprès de M. le Curé apparemment pour s’entendre avec lui au sujet de l’arrivée des enfants du catéchisme. Puisqu’il en est ainsi, l’attitude de Monsieur Instituteur n’est nullement blâmable, et nous regrettons qu’on nous ait donné à son sujet des renseignements inexacts. Nous nous empressons de fournir aujourd’hui les explications de M. l’Instituteur, espérant que notre correspondant se fasse un devoir de fournir les siennes.
Dimanche 5 février L’heure (suite et fin) :
Des renseignements fournis, il résulte que l’horloge publique de Malemort est à l’heure depuis le 7 janvier date de la visite de Monsieur l’Instituteur à Monsieur le Curé. Puisque tout est rentré dans l’ordre, inutile d’insister. Désirons seulement qu’à Malemort l’accord reste parfait entre tous, gens et horloge.
La République
Vendredi 10 février Vol :
Pendant que les époux Reynier du village du Peyrou étaient aux champs, à quelques centaines de mètres de leur habitation, un malfaiteur a pénétré chez eux et volé 4O Frs dans une commode fermée à clé.
Comme on n’a relevé aucune trace d’effraction, le voleur a dû se servir de fausses clés, car, à leur retour, les époux Reynier ont trouvé les portes et les fenêtres fermées comme à leur départ. On soupçonne un individu qui a été vu rôdant autour de la maison. Il est âgé de 30 à 35 ans, 1,65 m environ, corpulence moyenne, petite moustache châtain, de mise correcte, complet couleur foncée et bottines à boutons, casquette jockey. On procède à d’actives recherches.
La Croix de la Corrèze
Mercredi 30 avril Lait falsifié :
Marie M. épouse V. avait falsifié le lait qu’elle vendait. Procès-verbal a été dressé.
Le Réveil de la Corrèze
Mardi 23 mai 1911 Coup de hache :
Le scieur de long, Fraysse équarrissait une pièce de bois, à la scierie de M. Bosredon, il fit un faux mouvement et la hache l’atteignit à un pied et lui fit une blessure de plusieurs centimètres entre le 4 ème et le 5 ème orteil ; plusieurs semaines de repos seront nécessaires pour la guérison de cette blessure.
Mardi 27juin 1911 Mauvais sujet :
Mardi soir, M.L revenait en voiture d’assister à une réunion ; après avoir passé le pont, deux individus se présentèrent et demandèrent une cigarette. M.L, bon garçon accéda à leur demande et après la cigarette offrit même du feu. Loin d’être satisfait, les deux individus sautèrent alors sur la voiture et saisissant M.L au collet lui demandèrent de l’argent. L. sans s’émouvoir fit mine de mettre la main à la poche pour y prendre son porte-monnaie, il y prit son revolver ; le geste fut aperçu et les deux inconnus ne se firent pas prier pour descendre et disparaître à une allure qui n’avait rien de grave. M.L tira deux balles sans atteindre les malfaiteurs. Des romanichels campés dans les environs sont soupçonnés ; une enquête est ouverte.
Le Corrézien
10 et 11 juillet Pluie de foin :
A la stupéfaction des gens de Sérignac, commune de Malemort, une pluie de foin qui a duré vingt minutes, s’est abattue sur la localité. C’était sans doute quelques charrettes à foin que le bon Dieu avait versé à moins que le foin céleste ne provienne de quelques lointaines prairies d’où un tourbillon de vent l’avait enlevé.
Le Réveil de la Corrèze
Mardi 18 juillet : Méfaits de la foudre :
Vendredi dernier, au cours d’un orage, la foudre est tombée sur un immeuble appartenant à M. Foussat, du Pic. L’immeuble a été détruit, les pertes assez considérables sont couvertes par une assurance.
Limousin et Provençal
Comme l’a dit mon ami Saint Xanctin, le patois limousin est une altération du latin adopté par les Gaulois lors de l’invasion romaine. Il s’est conservé cependant, dans la longue suite des siècles, malgré la diversité des climats. En sorte que les mots qui ne dérivent pas du latin ou du grec, appartiennent en général à la langue celtique.
Le Corrézien
9 août 1911 Pêche :
Les contraventions pour pêche avec engins prohibés et en temps prohibé ont été dressées contre les nommés Pierre Raynal, propriétaire au Gour et Pradier.
Le Réveil de la Corrèze
Mardi 22 août : Les progrès de l’instruction
Voici quelques réponses d’élèves de la primaire, recueillies par un instituteur. – Qui était Charlemagne ? – C’était un monsieur très riche. – Comment s’éclairait-on ? – Avec la lune. – Que savez vous de l’éclairage ? – Rien. – Aimez vous la géographie, – Voui. – Pourquoi ne faut-il pas boire beaucoup de vin ? – Parce que ça nous soûle. – Que savez-vous de Jeanne d’Arc ? – C’est une femme qu’on a mis le feu après. – On vous a lu la fable « La grenouille et le bœuf ». Êtes-vous content que la grenouille ait éclaté ? – Oui, tant pis pour elle n’avait qu’à pas faire son crâneur. – Qu’est ce que Waterloo ? – Un général qui a battu Napoléon. A ce régime, le français qui ne savait pas la géographie ignorera bien vite aussi l’histoire.
Mardi 19 septembre : Pétition
215 électeurs ou contribuables de la commune viennent d’adresser au Préfet une pétition au sujet d’un second pont à construire sur la Corrèze. Le document fait remarquer qu’aucune nécessité locale ou commerciale n’exige cette construction, et que les ressources à ce, destinées, pourraient recevoir une destination autrement utile dans l’amélioration des chemins ruraux, la création d’une école pour les villages du haut de la commune et l’adduction dans le Bourg d’eau de source potable. La pétition réunit la presque totalité des contribuables et électeurs. Certaines abstentions étant dues à des raisons personnelles.
Cette pétition était initiée par E.Mons, Soustre, Levet Jean, Taurisson Joseph, conseillers municipaux.
Le Corrézien
28 octobre : Accident : « Le nouveau jeu »
Le jeune Cousteau, fils du coiffeur de l’avenue de la Gare à Brive s’exerçait dans le nouveau jeu du patin à roulettes, lorsqu’il fit une chute et se fractura le bras gauche. Il reçu les soins nécessaires de Monsieur le docteur Vialle.
La République
Mercredi 29 novembre :
Élection : Les conseils municipaux de la Corrèze ont élu dimanche dernier les délégués sénatoriaux pour l’élection du 7 janvier prochain. M. Bosredon, maire ; Pradier, adjoint. Suppléant M. Delmond, ont été élus pour Malemort.
Le Réveil de la Corrèze
Mardi 19 décembre : Incendie :
Jeudi soir à « La Barboutie », un incendie a détruit une grange appartenant à M. Lespérut. Les pertes s’élèvent à plusieurs milliers de francs. Cet immeuble faisait partie de la métairie Delon. Le journal La République précise que les bestiaux sont sauvés.
Application de la loi sur les retraites ouvrières.
Dès maintenant, tout salarié du commerce, de l’industrie, de l’agriculture gagnant moins de 3ooo Frs par an sera frappé d’un impôt annuel de 4,50 Frs pour les mineurs de 15 ans à 18 ans, de 6 Frs pour les femmes, de 9 Frs pour les hommes âgés de plus de 18 ans. Cet impôt déguisé sous le nom de « versement obligatoire » sera payé par tout salarié jusqu’à l’age de 65 ans. Les employeurs seront frappés d’un impôt égal, déguisé sous le nom de « contribution patronale ».
Enfin l’Etat interviendra pour compléter la retraite, qui sera au maximum, après 50 ans de versements ininterrompus, de 22 sous par jour à l’age de 65 ans. Voilà le principe.