Les seigneurs de Malemort

Conférence « Les seigneurs de Malemort » par Marguerite Guély

Sommaire

La passé lointain

Les Ancêtres Fabuleux 

Les Seigneurs de Malemort, qui se disent « Princeps » c’est-à-dire les premiers, revendiquent, lors d’un procès avec les habitants de Brive, en 1211, une origine prestigieuse et légendaire.
Leur ancêtre serait un nommé Forus, tribun romain à qui les empereurs auraient confié des places fortes à Limoges, où se trouve le tombeau de Saint Martial et au pont de Brive où s’élèvera plus tard le prieuré Saint Barthelemy du Buis et que l’on appelle le camp de César ou le camp de Forus.
Vient ensuite son fils Forus le jeune, qui érige le château de Malemort sur la colline.
Puis vient la fondation de Brive et du prieuré de Saint Martin, dont le tombeau va être orné par Licinius, neveu ou petit-fils de Forus le jeune. Au temps de l’empereur Constantin et de sa mère Hélène, le descendant des Malemort s’appelle Adémar et il est leur parent. C’est pourquoi ils lui offrent le calice de la Cène, qu’il donne à Saint Martin.
Au temps de Clovis, Eccelmus, de la famille de Malemort est nommé vicaire de la région de Brive. Il est inutile de rechercher un quelconque élément exact dans cette généalogie dressée essentiellement pour montrer que la famille des Malemort d’origine gallo-romaine, possédait la région de Brive et de Malemort, en tant que grand propriétaire alleutier, c’est-à-dire indépendant mais fidèle au pouvoir central. Le but est de démontrer que Brive a été fondée par cette famille et dépend d’elle.
A une époque où toutes les grandes familles aristocratiques se dotaient d’ancêtres fabuleux, tels que Mélusine pour les Lusignan ou la Vierge Marie pour les Lévis, se doter d’ancêtres gallo-romains peut sembler plus modeste et se référer à une réalité archéologique : il est possible qu’au moyen âge, les ruines de la villa gallo-romaine de Romégoux aient été plus visibles que naguère

L’Ancêtre Prestigieux

Après les ancêtres fabuleux, vient ce que l’on peut appeler l’ancêtre prestigieux, le vrai fondateur de la race : il doit être doté de qualités exceptionnelles, à la fois militaires et religieuses. C’est un guerrier et c’est un saint.
Il est incarné par Gaubert 1er, époux de Raingarde et père d’Hugues qui vivait avant l’an mil.
Au cours d’une guerre féodale contre Ebles de Comborn, il est fait prisonnier et enfermé dans le château de Melurensis. Mais les hommes de sa terre viennent à son secours et le délivrent.
Il va partir ensuite en pèlerinage sur le tombeau du Christ et, selon M. Gady (qui a étudié l’histoire du calice de la Cène), rapporte en 1010, le calice, de Jérusalem.
Ce Gaubert ne fait pas partie des familles vicomtales qui vont se partager le Bas Limousin lors de l’anarchie féodale qui caractérise la fin des carolingiens.
Vers l’an mil, la famille des vicomtes de Comborn se scinde en plusieurs branches dont l’une reste à Comborn, l’autre s’installe à Turenne et la troisième fondera, un peu plus tard la vicomté de Ventadour.
S’y ajoute la famille des vicomtes de Limoges. Descendants de personnages nommés par Charlemagne et peut-être d’origine franque, ils encerclent le domaine des « princes de Malemort », d’origine plus ancienne, mais fortement menacé. Les seigneurs de Malemort rendent hommage à l’évêque de Limoges pour Malemort et pour leur part de Brive dont ils sont coseigneurs.
Ils sont aussi : bienfaiteurs des abbayes dont celles de Tulle, de Vigeois et d’Uzerche, plus tard d’Obazine, ce qui a permis d’établir par M. de Cosnac, une généalogie consciencieuse mais quelque peu embrouillée du fait que les Malemort s’appellent tantôt Gaubert et tantôt Pierre, ne pratiquent pas le droit d’aînesse et se présentent sous la forme, lors de leurs donations, d’une kyrielle de frères ou de cousins.
Cette pratique très ancienne du partage des biens entre frères et cousins selon un modèle quasi mérovingien mène inéluctablement à un affaiblissement de la puissance familiale et à des rivalités dangereuses en face de vicomtes puissants qui pratiquent le droit d’aînesse.

Du XI AU XIII siècle : au temps de la féodalité

Les alliances

Encerclés par de puissants voisins, dont Gaubert 1 er a éprouvé la force, puisqu’il s’est fait emprisonner par eux, les seigneurs de Malemort vont avoir recours à une politique d’alliances, qui leur permet de se retrouver presque à égalité avec eux.
Donz Hugo, le fils de Géraud I, épouse Aldénodie, qui se réclame de la famille de Saint Géraud, le comte d’Aurillac, fondateur de l’abbaye.
De Gaubert Il son fils, nous ne connaissons pas l’alliance, mais son autre fils (ou petit-fils), Pierre le, épouse Aimeline de Limoges d’une famille vicomtale. Il est le premier à s’appeler Pierre, prénom d’origine latine et non germanique, comme Gaubert, ou Hugues.
Est-ce en souvenir de Saint Géraud, qui fit de nombreux pèlerinages à Saint Pierre de Rome ? C’est en tout cas un prénom rare et peu usité dans les familles vicomtales, où vont se succéder des Eble et des Archambaud ou, à Turenne, des Bozon et des Raymond.
Chez les Malemort, l’alternance se fait entre les Gaubert et les Pierre. Gaubert Ill, fils de Pierre et Aimeline, porte le surnom de Beaufort peut-être pour faire oublier le nom de Malemort, doté d’une mauvaise réputation, mais cette tentative reste sans suite.
Son fils Pierre meurt avant lui et ne laisse, de son épouse, Etienette de Turenne, qu’un fils appelé Pierre également, qui épouse en 1130 Richarde de Comborn.
Jusqu’ici, les Malemort ont appliqué une politique matrimoniale prudente, vis-à-vis de leurs voisins et ont évité de partager leurs domaines

L’option anglaise

Mais nous arrivons au milieu du XIIe siècle et au très fameux mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenet, devenu roi d’Angleterre.
Le Limousin est dans la mouvance du duché d’Aquitaine et, dans la lutte qui s’annonce, entre le roi de France et le roi-duc d’Aquitaine, les seigneurs limousins doivent choisir leur camp.
A ce premier choix, s’en ajoute un autre, lorsque les fils d’Aliénor commenceront à se révolter contre leur père et obligeront les seigneurs limousins à les suivre.
On peut remarquer l’attitude franchement hostile des vicomtes de Limoges envers le roi-duc et son fils Richard Coeur de Lion, la prudence des vicomtes de Turenne, surtout intéressés par l’octroi de privilèges et les hésitations des vicomtes de Comborn.
Les Malemort, eux, sont franchement pro-anglais. L’un de leurs cadets, Hélie de Malemort, archevêque de Bordeaux, est le fidèle soutien de Jean Sans Terre. On lui reproche d’entretenir des routiers. Le mariage de Pierre et de Richarde de Comborn, loin d’apaiser les relations entre les deux familles, va être à l’origine d’une guerre féodale confuse qui les met aux prises vers 1174-1177.
Le vicomte de Comborn se serait moqué de son neveu, Gilbert de Malemort, qui, pour céder à un effet de mode, s’était fait faire un habit de plusieurs couleurs, s’attirant ainsi le surnom de Culotte de gueux : Bragagosa.

Guerre féodale Comborn-Malemort

Il y avait alors, à Malemort, deux branches distinctes de la famille des Malemort. Celle des Pierre, et celle des Gilbert, ou Gérald, qui s’était établie à Donzenac et vivait aussi à Bréniges.
La guerre féodale qui s’ensuit se fait par l’intermédiaire de routiers, ou brabançons, mis à la mode par le roi-duc qui n’avait pas d’armée permanente. Les routiers se louaient à qui les voulaient.
Ceux des Comborn font prisonnier le père de Gilbert Bragagosa en 1174, Gérald 1 er, époux d’une Alboïn de Donzenac. Ils occupent le château de Bréniges, puis se retirent.
En 1177, les routiers des Malemort, retranchés dans le château haut, ravageaient les alentours. Les Comborn vont susciter contre eux une véritable croisade, menée par leur suzerain l’évêque de Limoges, et par l’abbé de Saint Martial, accompagnés des vicomtes de Limoges et de Comborn, des seigneurs de Lastours et de Chabanais.
Les routiers ont dû accepter une bataille dans la plaine, qui se solde, selon les historiens du temps, par 2500 morts de leur côté et 1 seul chevalier de l’autre côté.
Il ne faut, bien entendu, accorder à ces chiffres, aucune vraisemblance. Pas plus d’ailleurs qu’à aucun chiffre de cette époque.
Les chroniqueurs s’efforcent, d’autre part, de nous faire croire que ces routiers se comportent en indépendants et ont occupé Malemort soi-disant, pour aller attaquer Tulle.
Ils auraient même, la veille du combat, égorgé sans raison 135 habitants de Malemort.
Cette assertion, reprise par Marvaud, qui n’est pas un historien sérieux, ne mérite aucune créance.
La réalité est que ces routiers sont à la solde des seigneurs de Malemort que leurs assaillants sont les Comborn et les vicomtes de Limoges, notoirement anti-anglais. On ne voit apparaître dans cette histoire, ni les vicomtes de Turenne, toujours prudents, ni les Malemort, pro-anglais, qui ont dû laisser leurs routiers se faire massacrer.
Le choix du parti pro-anglais s’avère de plus en plus imprudent. Surtout au début du XIIIe siècle, lorsque Jean Sans Terre et Philippe Auguste sont aux prises.
C’est d’ailleurs à Philippe Auguste que Pierre et Guy de Malemort s’adressent, en 1211, pour expliquer l’ancienneté de leur famille, leur domination sur Brive et l’attitude des bourgeois de cette ville qui leur désobéissent. Il est vrai qu’ils sont sans doute moins favorables à Jean Sans Terre que leurs cousins de Donzenac

Les châteaux

Il est temps de décrire le, ou les châteaux, de Malemort à cette époque de luttes féodales. Comme dans beaucoup d’endroits, il y a un château haut et un château bas.
Du château haut, ne reste qu’un pan de la tour maîtresse, à contreforts, datée de la fin du XIIe, ou début XIIIe siècle.
Des fouilles récentes, menées par Dimitri Paloumbas-Odile démontrent l’existence de bâtiments antérieurs. La destruction du reste du château, opéré au milieu de la guerre de Cent Ans, a laissé des blocs épars, qu’il est bien difficile d’attribuer à tel ou tel ouvrage défensif.
Le plan le plus ancien remonte à l’ouvrage de M. de Marqueyssac vers 1880, avant la construction du « chalet » Hom. Il nous montre une série de blocs disposés assez régulièrement à l’ouest de la plate-forme, blocs dont certains ont dû être déplacés lors de la construction dudit chalet.
Plus tardif est le plan de M. Dautrement, que l’on peut dater des années 1950.
Il est fait d’après des documents privés, dont l’auteur ne nous donne pas la référence. Il est parfaitement fantaisiste, avec sa triple enceinte, ses tours, sa chapelle orientée Nord-Sud et ses poternes.
Le nom des tours : tour de Rozier – tour de la Motte, serait à vérifier. Enfin, l’emplacement des souterrains est inexact. Ces souterrains, en bordure du chemin, sont extérieurs à la motte et non au dessous.
Il vaudra mieux attendre de nouvelles fouilles pour y voir plus clair.
Le château de Bréniges, dans un aspect qu’on ignore, devait exister en 1175, puisque les routiers des Comborn y tenaient leurs prisonniers qu’ils trempaient dans la Corrèze voisine, pour s’amuser en plein hiver.

Du XIII AU XIV siècle : le temps des partages

Les Malemort persistent à ne pas appliquer le droit d’aînesse et tout en restant coseigneurs de Malemort, se partagent le reste de leurs seigneuries. La branche proprement malemortoise descend de Gaubert IV et de ses fils, Pierre et Guy.
Elle est représentée par Pierre V et sa femme Audicut, chantée par les troubadours, leur fille Allemande, qui, épousant en 1230 le frère du vicomte de Turenne lui apporte une part de Malemort et de Brive.
Pierre V a dû avoir plus tard, un fils, Pierre VI époux de Dauphine de Montai, parents de Pierre VII époux de Gallienne de Maumont.
Ces Malemort ont, à un moment donné, acquis la seigneurie de Cornil.
A Donzenac la branche de Gilbert I Bragagosa et de sa femme Marguerite de Lastours est prolifique et donne naissance à une branche possessionnée à Donzenac, dont l’héritière, Gallienne épouse un Ebles de Ventadour, cadet ; et une autre branche, possessionnée à Ussac et St Hilaire, avec de nombreux descendants.

Patrimoine

On peut juger du nombre et de la richesse du patrimoine des Malemort, s’ils avaient eu l’élémentaire prudence de ne pas le diviser, ou de le laisser partir dans d’autres familles.
Donzenac, après être passé aux Ventadour sera vendu au duc de Berry ; Ussac et le fort de Vergy qui fut aux Albain, vendu aux vicomtes de Turenne, ainsi que Saint Hilaire Peyroux.
La seigneurie de Saint Michel, qui s’étendait sur St Germain les Vergnes, Ste Féréole et le château de Puymège, passée de leurs alliés les Saint Michel aux Bar alias Monceau.
Cornil, aux Bar et aux Faucher de Ste Fortunade. Cosnac, dont la justice est vendue à la famille de Cosnac.
Enfin les Turenne installés non seulement à Malemort, mais aussi à Brive- dont ils ont le tiers de la coseigneurie.

La guerre de cent ans

La guerre de Cent Ans qui s’annonce voit à Malemort un jeune seigneur, Gaubert (ou plutôt Jaubert) sous la tutelle de sa mère, Gallienne de Maumont.
Il épouse en 1339, Aude de Ventadour, qui lui apporte Monceaux et une part de la Garde (Enval). Il a maille à partir avec les bourgeois de Brive et, en particulier le consul Raynal, qui monte une cabale contre lui et se fait emprisonner.
Jaubert n’a que deux filles : Blanche et Gallienne, naturellement fort convoitées. Blanche l’aînée, héritière toute désignée, se trouvait en résidence chez les Escorailles, lorsqu’elle est enlevée par un chef de routiers, Bertrand d’Albret, de la célèbre famille des routiers du sud de la France. Il est bâtard, comme son parent, le fameux Bertucat.
Jaubert furieux, déshérite Blanche, au profit de Gallienne, mais il disparait et Bertrand d’Albret s’installe à Malemort, sans qu’Aude de Ventadour, sa belle-mère n’y voit pas d’inconvénient. Gallienne, désignée héritière par son père, épouse successivement Guillaume de Courson, Jean de Voisey et Pierre de Clermont.
Blanche et Gallienne n’ont que des filles.
Blanche est la mère de Marguerite d’Albret, qui épouse un seigneur gascon, le sieur de Pomiers. Gallienne a, d’abord, Jeanne de Voisey qui va épouser Jean de Montai, un Auvergnat ; puis Marguerite de Clermont.
Ceci ne fait pas l’affaire des coseigneurs de Cornil, les Faucher de Ste Fortunade. Ils croient aussi avoir touché le gros lot en mariant Blanche de Pamiers fille de Marguerite d’Albret à Jean Faucher et Marguerite de Clermont à Guyot Faucher.

Ruine des châteaux

Nous revenons un peu en arrière à l’année 1406 qui va voir la ruine des châteaux de Malemort.
A cette date, en pleine guerre de Cent Ans, un peu avant le féroce duel des Armagnacs et des Bourguignons, Malemort est aux mains de Blanche de Malemort, veuve de Bertrand d’Albret ; de Pierre de Clermont, son beau-frère, veuf de Gallienne ; de la duchesse de Berry pour la part de Donzenac et, enfin du terrible Raymond Roger VIII, vicomte de Turenne. Il est de retour de Provence, où il a guerroyé contre le pape et se trouve maintenant en guerre avec ses sujets de Brive, qui refusent de lui payer son dû et de lui rendre hommage.
Ces bourgeois de Brive font appel au roi fou, Charles VI, et ne cachent pas leur sympathie pour les Bourguignons. Raymond VIII est un Armagnac. Le roi, bien incapable de trancher, donne raison, tantôt à l’un, tantôt aux autres. Un seigneur limousin ronge son frein: c’est Louis d’Escorailles dans la famille duquel Blanche avait été enlevé, 40 ans plus tôt, alors qu’elle devait, sans doute convoler avec un Escorailles.
En compagnie du connétable d’Albret, et avec l’apport de la populace de Brive, le château haut est repris à la poignée de mercenaires qui y logeaient. L’artillerie fait merveilles et on ne peut qu’être étonnés par les ravages qu’elle a provoqué sur le site. Il faut croire qu’on ne s’est pas seulement servi de boulets, mais de mines pour soulever ces énormes blocs, faits de pierraille et de mortier. Bréniges est également détruit et sera relevé, à la fin du XVe siècle. 60 mercenaires sont pendus. La seule personne à protester vainement, est la duchesse de Berry, coseigneuresse du lieu.

Les changements des XV et XVI Siècle

Changement de famille au XV Siècle

Après avoir réussi à faire lâcher prise aux Faucher de Cornil, trop minces seigneurs pour lutter avec eux, entrent en scène les MONTAL NOZIÈRES, descendants de Gallienne et les LA TOUR D’OLIERGUES, descendants des Roger.
Jeanne de Voisey, fille de Gallienne, avait épousé Jean de Montai et donné le jour à un redoutable personnage, Amaury de Montal.
Cet Auvergnat, appâté par l’excommunication de Raymond VIII et la confiscation de ses biens, aurait bien voulu mettre la main sur la Vicomté de Turenne.
Cependant, Pierre Roger, allié de Raymond VIII, en avait hérité et avait participé, avec vaillance, aux combats qui ont achevé la guerre de Cent Ans.
Epoux d’une belle, mais peu fortunée vassale, Blanche de Gimel, Pierre de Beaufort n’avait eu que deux filles. L’aînée, Anne, épouse en 1444, Agne de la Tour : elle succède à son père.
Mais la veuve, Blanche de Gimel, prétend que son époux lui a laissé une bonne part de la Vicomté. Elle se remarie à Amaury de Montai et tous deux mettent la main sur la Xaintrie, riche châtellenie de la Vicomté.
Amaury est, par sa mère, co.seigneur de Brive et Malemort. Le vicomte de Turenne, Agne de la Tour, qui n’a qu’une vingtaine d’années, va être obligée de patienter pour récupérer ses terres.
Amaury de Montai teste en 1472, sans enfants. Il fait héritiers ses neveux, enfants de sa soeur, Hélis et de son beau-frère, Jean de Nozières.
Ainsi, durant une centaine d’années (1472-1581) les Montai Nozières deviennent, entre autres, seigneurs de Malemort.
Ils font réparer et résident occasionnellement à Bréniges. Mais ils ont affaire aux co.seigneurs : les vicomtes de Turenne, de la famille de la Tour, sont des personnages remarquables qui ne cèdent rien de leurs droits et s’opposent aussi à la famille de Bar de Puymège, qui se déclare également détentrice d’une part de la coseigneurie.
Le XVIe siècle est une époque où les procès se succèdent pour l’exercice de la justice, pour la possession des moulins, pour les honneurs de l’église, banc, tombeau, droit de litre.

Du XVI siècle à la révolution

Mais le XVIe siècle est aussi, à partir de 1560, le temps des guerres de Religion.
Les Montai Nozières se désintéressent de Malemort et finiront par vendre leur part, en 1581, à François de Noailles, évêque de Dax.
François Ill de la Tour est mort en 1557, à la bataille de Saint Quentin, laissant un fils de trois ans et la vicomté aux mains de tuteurs, jusqu’en 1 577 qui voit l’arrivée du jeune Henry de la Tour et sa conversion à la Réforme.
Les deux coseigneurs de Malemort et de Brive, les Noailles et les vicomtes de Turenne, sont dans deux camps différents.
Henri de la Tour soutient Henri de Navarre et le suit dans sa difficile conquête du pouvoir jusqu’à sa conversion au catholicisme. Mais lui reste protestant et en semi-disgrâce.
François de Noailles et son neveu, Henri, exact contemporain d’Henri de la Tour, bon catholique, mais pas ligueur, sera comblé d’honneurs par Henri de Navarre, devenu Henri IV.
C’est le début d’une longue dynastie de courtisans, totalement assujettis à la couronne et n’ayant qu’une obsession majeure : l’achat de la Vicomté de Turenne, et du même coup, de l’autre moitié de Malemort.
Ils n’y parviendront qu’en 1748, lorsque le roi leur revendra la majeure partie de la Vicomté, qu’il avait achetée 10 ans plus tôt.
Ainsi en 1748, Malemort et Brive n’ont qu’un seigneur, le duc de Noailles et, de même, que les Noailles avaient excédé de procès les vicomtes de Turenne, tout au long du XVIIe et XVIIIe siècle, de même vont-ils faire sentir aux bourgeois de Brive et Malemort, le poids de leurs prétentions féodales, de leur insistance à se faire rendre hommage et à acquitter la moindre rente.
Détentrice de nombreuses seigneuries, et d’une des plus belles fortunes de France, la famille va payer cher cette ascension jusqu’au pied du trône. La Révolution va la contraindre à émigrer. Ceux qui restent sont guillotinés et leurs biens confisqués.
Malemort doit détenir, avec la vente des biens des Noailles, de ceux des Corn du Peyrou et de ceux des Noiret de la grande Borie, le record, en Corrèze, du passage de la fortune foncière, de l’aristocratie à la bourgeoisie, ou à la paysannerie.
A cette époque, le château haut n’est plus qu’un amas de ruines, le château de Bréniges va devenir une ferme-magnanerie.
Ainsi passent les gloires du monde …